mardi 15 mai 2007

Les modernes

La bataille des présidentielles est finie. Cette affaire est entendue et Nicolas Sarkozy vient de rentrer dans le Larousse et joue déjà une prise de fonction apaisée et sociale.
Loin des discours et des orientations politiques choisis par les Français, ce qui est vraiment frappant, c'est le changement temporel que viennent d'opérer nos institutions politiques sous nos yeux.
D'un coup, pourrait-on presque dire, nous sommes passés d'un "ancien" politique à un "nouveau" politique. L'âge des candidats du deuxième tour n'en est pas la seule raison, le nouveau ne se décrète pas ! C’est au mieux un argument de séduction pour qui cherche à enterrer son concurrent, mais c'est avant tout l'aboutissement d'un processus et le début d'un autre.
Il n'y a de (re)nouveau politique que quand "l'ancien" est sclérosé et moribond. C'est à dire, quand "l'ancien" ne peut plus avec ses propres qualités faire face à l'avenir sans signer son arrêt de mort.
En ce sens le contexte actuel fait de Sarkozy, Royal et Bayrou des vrais modernes. Beaucoup plus que leurs "nouvelles" idées, c'est la mort naturelle de l'ancien système qui permet d'envisager le nouveau autrement que comme argument politique ou idéologique.
Décryptage :
A notre droite,
Il nous suffit de regarder nos deux présidents Chirac et Sarkozy aux commémorations de l'abolition de l'esclavage. Le premier incarne la reconnaissance de la complicité de l'Etat Français dans l'esclavage et dans les crimes contre les juifs durant la seconde guerre mondiale. Comme initiateur de cette reconnaissance, il enterre une époque d'après guerre dont les acteurs et l’histoire orale sont en toute fin de vie.
Le second annonce comme on annonce une naissance vouloir "rendre au Français la fierté d'être Français" et d'en "finir avec la repentance". C’est par la fin annoncé de l’ancien que le moderne peut rentrer en matière. En vainqueur Nicolas Sarkozy, est le moderne à qui revient la modernisation de la politique institutionnelle.
A notre gauche
L'image du sourire dans l'échec de Ségolène Royal, les acclamations des militants après les résultats, renvoient les éléphants du PS à l'histoire. Ces derniers viennent sur les plateaux parler de gravité et d'échec, alors que du dehors l'image de l'espoir et du renouveau de gauche envahie les esprits. Et si le lendemain les moribonds viennent afficher une famille unie, ils ne font que renforcer l'image d'un temps révolu. Les éléphants vont d'eux-mêmes au cimetière c'est une histoire connue.
Comme première femme à être présente à un second tour, Ségolène Royal enterre l'idée depuis longtemps vacillante de la femme en retrait de la vie politique. Ségolène Royale est la moderne à qui revient la modernisation de l'opposition politique de gauche et de l'idée des femmes au pouvoir.


Au centre
Malgré la défaite de l'espoir, un centre viendrait de naître. En renvoyant la droite contre la gauche, Bayrou creuse la tombe des vieux clivages. L'épuration naturelle de l'UDF avec le ralliement des députés l'UMP renvoi l'ancien centre dans les souvenirs. Ces ralliements ont fini de faire émerger une nouvelle force qui souhaite mettre à mal les clivages et veux jouer les arbitres.
Bien qu'il ne soit pas encore mort ce clivage vient de vivre sa première mort institutionnelle. Les trois premiers candidats avaient tous les trois annoncés la constitution d'un gouvernement d'ouverture entérinant par là-même la mort de l'idée qu'un parti puisse gouverner seul. François Bayrou est le moderne à qui revient la modernisation de l'équilibre des forces politiques.

Nos modernes sont des passeurs et à cet égard, leur responsabilité ne limitera pas aux seules orientations politiques des uns et des autres. Ils sont les fossoyeurs d'un ancien régime et inaugurent le XXIème siècle de la politique française.

Pour autant les modernes ne sont pas garants de la réussite des missions qui leurs incombes.
Le changement c'est la promesse d’un mieux être incertain.


Les modernes sont les passeurs d’un ancien à un futur ancien.

samedi 5 mai 2007

Pourquoi je voterai Ségolène Royal dimanche !

Quel talent ! Je vous le dis sans moqueries et sans ambages, ce petit homme à du talent. Il faut le reconnaître, sa force de caractère, de travail et son parcours force le respect.

De mairie Neuilly, en prise d’otages, à l’Assemblée en passant par les Finances et l’Intérieur, le voilà à 52 ans, presque élu… selon ce qu’il annonçait avant-hier à Montpellier. Certes quelques échecs en chiraquie, quelques erreurs de nettoyage « haute-pression », mais cela entache à peine sa trajectoire et sa popularité.

Même son bilan plus que contesté après cinq ans au pouvoir comme ministre d’Etat et comme N° deux du gouvernement n’ont pas réussi à toucher sa popularité. Comme si le personnage était extérieurs aux actions conduites.

Mais connaît-on autant le parcours d’hommes ou de femmes politiques que le sien ? Je ne crois pas ! Ce que je crois, c’est que c’est là que réside son vrai talent, celui d’être depuis toujours un très bon communicant et d’avoir compris très tôt que les batailles à défaut d’être vraiment politiques se gagnaient par et avec l’image. Depuis des années ; il se met en scène et communique à la façon des lessiviers qui répètent sans cesse le même message qui envahie de manière subliminale nos esprits : Dignité – peurs – je veux dire aux français – sans tabous – ensemble – tout est possible-…
Effectivement tout est possible !

Non ! Les séduits ne voteront pas pour son programme. Il est impossible de croire que le rétablissement de notre économie repose sur les 3 ou 4 heures supplémentaires par semaine que certains salariés réussiront à obtenir. « Travailler plus pour gagner plus », ne créera pas de fait les conditions immédiates du plein emploi dans un monde ou l’économie globale fait la loi. Réducteur diront certain, mais c’est à l’envergure de ce qui risque de le faire élire.

Beaucoup voteront pour lui comme nous achetons notre lessive, parce que depuis des années on nous dit que c’est la meilleure. Nous n’argumentons plus, nous ne réfléchissons plus ! Nous l’achetons parce que c’est comme ça : C’est la meilleure !

Son vrai talent est là, et aujourd’hui, il lui suffit de d’aligner quelques chiffres simples et clairs pour que le message (subliminal) fasse sont effet. Pour les résistants, il lui suffira réactiver quelques peurs, et la magie opèrera.

Sa stratégie de communication me fait penser au retournement de situation orchestré par les patrons de la NRA (National Rifle Association) le lobby américain qui défend âprement l’usage des armes aux Etats-Unis. Quand on leur dit que la libre circulation des armes provoque de nombreux morts ; ils répondent que si il y a autant de mort, c’est parce que les gens non pas assez d’armes pour se défendre. Les termes sont simples, efficaces ! La supercherie est visible et fait la force de son ironie.

Il en est de même pour sa rhétorique, il inverse habilement les rôles, les situations.
Il agresse et se dit victime, il insulte et se dit blessé, il pose les questions et il fait les réponses, Il ignore un sujet et il l’explique. Il est contre l’assistanat et dépossède le citoyen de ses responsabilités voulant tout régenter. Il réussi à faire croire qu’il est malgré lui David contre Goliath et qu’il est prêt à se sacrifier, à faire « don de sa vie » alors que son ambition politique n’est plus un mystère pour personne.

Alors que la France à toujours réussi à montrer sa différence de vues dans le monde, il nous emmène et nous rallies sans discuter à la planète du libéralisme ou ni les états, ni les citoyens et encore moins la planète n’ont et n’auront voix au chapitre. Il en fait même son argumentation. Il répète sans cesse qu’« aucun pays au monde »ceci, qu’« aucun pays au monde »cela… Faut-il lui rappeler que le peuple Français a inventé la révolution et qu’à cet époque « aucun pays au monde »… ne l’avait fait.

Je peux aisément comprendre le rejet de certains sur le programme de Ségolène Royal (loin d’être parfait à mes yeux) et sur les nombreux archaïsmes du Parti Socialiste, mais son pacte présidentiel affiche une différence fondamentale, celle d’impliquer le citoyen dans sa destiné et dans celle de la France.

On a taxé Ségolène Royal d’imprécisions sur les mesures à mettre en œuvre dans tel ou tel domaine. Mais peut-on encore croire aujourd’hui à l’heure de la mondialisation à l’omniscience et l’omnipotence d’une personne responsable, qu’elle soit chef d’équipe, chef d’entreprise ou responsable politique ?

Si elle n’aligne pas avec la même précision (quasi chirurgicale) les chiffres de « débits », de « crédits » ou « d’assiettes », ce n’est pas un signe d’incompétences, mais d’honnêteté intellectuelle. L’accélération et la complexité de notre société demande plus une vision stratégique que des règles comptables.

Le choix de Ségolène Royal est de créer une dynamique qui repose sur l’intelligence collective des citoyens, des partenaires sociaux, des chefs d’entreprises et parfois d’experts. Lui se propose d’ETRE la dynamique et demande à ceux qui pourront suivre d’être derrière lui sans discuter. LUI sur son cheval et les AUTRES à pieds.

Les français ont toujours aimé et sacralisé l’image du Chef qui monte à l’assaut avec ses troupes, mais n’oublions pas ! Que ce soit à Austerlitz ou à Waterloo, le soir l’Empereur dort au château et les soldats dans les champs. Même en hiver !

Et cinq ans dans les champs, c’est long !
A dimanche

François un entrepreneur de 46 ans
L'image du paquet de lessive vient de l'excellent blog de Dominique Autier et à été prise par ses soins.